Trois jours d’intenses échanges, d’ambitions audacieuses et de rencontres décisives se sont achevés — non pas comme une conclusion, mais plutôt comme le point de départ d’une longue marche vers la renaissance de l’agriculture djiboutienne.
Le Forum Agro Business 2025, organisé à l’hôtel Ayla, a rassemblé des participants venus de toute la Corne de l’Afrique, ainsi que de Norvège, des États-Unis, de Jordanie, de Turquie et d’Égypte. Une diversité qui démontre qu’à Djibouti, on peut faire pousser bien plus que des illusions. Ici, pas de place pour les discours creux : il s’agissait de rêver, planifier, oser. Et surtout, de poser les bases d’une nouvelle ère.
Sous l’égide du Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed, le thème de cette édition était clair :
« Djibouti Agro-business 2030 : Innover, Investir, Transformer pour une Agriculture Durable et Résiliente ».
L’enjeu dépasse largement la survie dans un environnement aride. Il s’agit de transformer, industrialiser, exporter, repenser le modèle agricole pour bâtir une économie enracinée dans les potentialités de la terre — même les plus ingrates.
Des Filières Prioritaires au Cœur des Discussions
L’agrobusiness a été abordé comme une promesse de transformation structurelle, génératrice d’emplois, de revenus et d’autosuffisance alimentaire. Une agriculture moderne, oui, mais profondément ancrée dans les réalités locales.
Plusieurs secteurs ont été explorés à travers des ateliers thématiques riches en échanges concrets :
- Aquaculture et pêche côtière : avec Red SEA Fish (Djibouti), Willing Hands (Norvège) et Aquaculture Consultant Office (Égypte), les discussions ont mis en avant des modèles durables de valorisation des ressources marines.
- Filière des dattes : portée par l’ICBA et l’Association Coopérative de Dattes (Jordanie), elle a montré que le palmier-dattier pouvait devenir une colonne économique, au-delà de son rôle symbolique.
- Élevage caprin : avec ALABGRO (Djibouti), Somali Genetics (Somalie) et JIGJIGA Export Slaughterhouse (Éthiopie), les débats ont souligné l’urgence de moderniser l’élevage tout en valorisant le savoir pastoral traditionnel.
- Horticulture et agriculture hors-sol : des innovations portées par Hydroponics Africa Limited (Kenya), Nimble Farms (États-Unis) et Tiryaki (Turquie) ont prouvé qu’il est possible de cultiver sans terre dans un pays où cette ressource est rare.
Un Laboratoire d’Idées, Pas un Défilé de Discours
Le forum n’a pas été une vitrine de discours officiels. Il s’est révélé être un véritable laboratoire d’idées, un carrefour entre science, action politique et ambition concrète.
Les défis sont immenses — logistiques, techniques, réglementaires — mais la vision est encore plus vaste : elle englobe l’eau, l’énergie, la logistique, la pêche, l’élevage, l’artisanat et même le tourisme. Elle repose sur un développement inclusif, enraciné dans le terroir, mais résolument tourné vers l’avenir et ouvert au monde.
Vers une Feuille de Route Nationale
À l’issue des travaux, les conclusions des ateliers thématiques ont été présentées à un public de haut niveau. Elles serviront de base à l’élaboration d’une Feuille de route nationale pour l’agrobusiness, qui sera discutée lors d’une table ronde internationale avant fin 2025.
Un plan d’action budgétisé est également en préparation pour mobiliser les investissements nécessaires à la mise en œuvre des projets identifiés.
Des partenaires techniques et financiers majeurs — Banque africaine de développement, FIDA, Banque mondiale — ont exprimé leur soutien actif à cette initiative.
Une Volonté Politique Affichée
Les discours des ministres sectoriels ont confirmé l’engagement sans faille du gouvernement djiboutien à accompagner cette transition. À un moment où tant de pays cherchent des solutions ailleurs, Djibouti fait le choix de se tourner vers ses propres forces, et d’y croire.
Ce Forum Agro Business n’a pas seulement été un événement. Il a été un signal fort, une promesse tenue : celle qu’en conjuguant volonté politique, innovation technique et foi en l’avenir, rien n’est impossible.
