À Djibouti, des idées incroyables prennent racine : parmi elles, celle que la terre peut encore nourrir ses enfants, même si elle semble sèche, rebelle, oubliée. De ce fait, le Forum Agro Business 2025, un événement qui ose croire qu’il est possible de faire pousser autre chose que des pierres, des rêves, des projets, une économie nouvelle s’est ouvert ce lundi 10 juin 2025.

Pendant trois jours Ayla Hôtel va servir d’auditorium à des experts venus de la Corne de l’Afrique, de Norvège, des États-Unis, de Jordanie, de Turquie et d’Égypte, vont débattre, imaginer, oser.

Ce n’est pas un simple rassemblement de discours officiels ni un show agricole. Non. C’est bien plus que ça. C’est un laboratoire d'idées, un lieu où se rencontrent la science, l'action, la volonté politique et l’espoir.

Sous l’égide du Premier ministre, le thème choisi pour cette édition dit tout: « Djibouti Agro-business 2030 : Innover, Investir, Transformer pour une Agriculture Durable et Résiliente ». Car il ne suffit plus seulement de cultiver. Il faut transformer, industrialiser, exporter. Et surtout, il faut penser autrement.

Djibouti est coincée entre plusieurs défis: un climat difficile, une population en pleine expansion, et une économie longtemps dépendante du port et de la logistique. Mais aujourd’hui, quelque chose change. Le gouvernement a fait le choix clair et courageux de placer l’agrobusiness au cœur de sa stratégie nationale de développement.

Et ce mot-là, agrobusiness, il faut le comprendre comme une promesse: celle d’une agriculture non plus de survie, mais de prospérité. Une agriculture capable de générer emploi, revenus, autonomie alimentaire. Une agriculture moderne, ancrée dans la réalité locale. Une agriculture qui transforme la terre aride en opportunité économique.

Le forum est organisé par le Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage et des Ressources Halieutiques, en collaboration avec le Ministère de l’Économie et des Finances chargé de l’Industrie. Il met en lumière quatre filières prioritaires:

- L’aquaculture et la pêche côtière, avec des entreprises comme Red SEA Fish (Djibouti), Willing Hands (Norvège) et Aquaculture Consultant Office (Égypte).

- La filière dattier, portée par des acteurs comme l’International Center for Biosaline Agriculture (ICBA) et l’Association coopérative de dattes (Jordanie).

- L’élevage caprin, illustré par ALABGRO (Djibouti), Somali Genetics (Somalie) et JIGJIGA Export Slaughterhouse (Éthiopie).

- L’horticulture et l’agriculture hors-sol, grâce à des innovations venues de Hydroponics Africa Limited (Kenya), Nimble Farms (États-Unis) ou encore Tiryaki (Turquie).

Ce forum veut marquer un tournant décisif: passer de l’aide humanitaire à l’entrepreneuriat agricole structuré, de la culture de subsistance à une agriculture commerciale compétitive, du projet ponctuel à une stratégie globale intégrée.

Bien sûr, le chemin sera difficile. Il faudra lever des barrières logistiques, techniques et réglementaires. Il faudra planifier, innover et financer. Malgré que la terre Djiboutienne est maigre, la vision est large. Elle englobe l’eau, l’énergie, la logistique, la pêche, l’élevage, l’artisanat… et même le tourisme. Elle croit en un développement inclusif, ancré dans le terroir, mais ouvert au monde.

À l’issue de ces trois jours riches en échanges, les conclusions des ateliers par filière seront présentées devant une assemblée de haut niveau. Elles alimenteront la préparation d’une Feuille de route nationale pour l’agrobusiness, qui servira de base à une table ronde internationale avant la fin de l’année 2025, accompagnée d’un plan d’action budgétisé pour mobiliser les financements nécessaires.

À l’heure où beaucoup cherchent ailleurs leurs réponses, Djibouti choisit de regarder en face ses défis, et de semer pour récolter demain. Ce Forum Agro Business nous rappelle que rien n’est impossible quand la volonté humaine s’allie à la raison économique et à la foi dans le futur.

Deux jours et demi à écouter, débattre, rêver, agir. Deux jours et demi pour redéfinir une partie du destin national. Deux jours et demi pour croire, encore, en la force silencieuse de la terre.

 

 

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